Type
Culture

La corde sensible, épisode 5 - Anyone for tennis, Cream

Cinquième épisode de notre série culture sur le tennis et la musique. Pour cet opus, on se plonge dans les années 60 avec le légendaire groupe de rock Cream et son titre Anyone for Tennis.
Texte

 

C'est l'une des chansons les plus sous-estimées du groupe légendaire des années 1960 et son célèbre guitariste Eric Clapton. A la première écoute, on dirait une petite ballade sans prétention, mais son propos n'est pas de glorifier l'usage des raquettes en bois. La fin des années 1960 est une période où le tennis est encore considéré comme le sport de la haute bourgeoisie et des nouveaux riches, quel que soit le pays.

Cream en profite ici pour dénoncer les ravages de la guerre au Vietnam et le cynisme des politiques, qui se moquent bien de la marche du monde tant qu'ils ont l'occasion d'aller taper la balle pour se détendre. D'où la question : "Ça branche quelqu'un d'aller se faire un petit tennis ?"

Le dernier couplet mêle rage sourde et poésie brute : "Le destin met en place l'échiquier, mais c'est la mort qui lance les dés. Un petit tennis, ce serait quand même chouette, non ?"

A cette époque, personne n'échappe à la verve des Cream, qui fustigent la corruption généralisée de la société. Y compris celle des religions, puisqu’un couplet utilise l'expression "the Bentley Driving Guru", une allusion évidente à l'Indien Bhagwan Shree Rajneesh, qui défilait devant ses fidèles au volant de voitures de luxe.

Tout une époque

Ce single n’est donc pas le titre le plus gai ni le plus promotionnel pour le tennis. L’ambiance y est noire, mais ça reste malgré tout l'époque où les clips légers frôlaient la caricature, où les rires pré-enregistrés n'étaient pas encore ringards, et où on pouvait fumer tranquillement devant une caméra.

Clope au bec, justement, on retrouve Ginger Baker, le batteur du groupe, génie absolu des percussions mais aussi l'un des plus grands psychopathes de l'histoire du rock. Un artiste très conscient de son côté obscur, puisqu'il avait un jour déclaré : "Dieu me punit pour tous mes actes de cruauté passés, et il est essaie de rendre cela aussi douloureux que possible." Tout un programme...

Regardez donc le clip "Anyone for tennis" non pas pour vous donner envie d’aller sur le court, mais pour vous replonger dans une époque où le rock déboulait sur le monde et, pour les plus jeunes, peut-être pour découvrir Eric Clapton à ses débuts, avant qu’il ne devienne une icône vivante de la musique.

(Philippe Chassepot, avec G.B.)

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