Lionel Zimbler : "Être plus offensif"
Votre joueur, Benjamin Bonzi, est au 2e tour de Roland-Garros après sa victoire face à Emil Ruusuvuori. Qu'avez-vous pensé de ce match et de sa saison en général ?
En vérité, je trouve que Benjamin est en net progrès depuis ce début d’année, où il avait très bien joué et monté au classement. Le Covid-19 l'a stoppé dans son élan. Après le confinement, il s’est blessé et on a repris un peu après tout le monde.
Lors du premier tour du tableau final, il fait un excellent match malgré les conditions, le vent, la pluie tourbillonnante.
On est venus à Roland-Garros sans certitudes par rapport à son niveau et par rapport au nombre de matchs joués auparavant. Il a joué sans attentes, en étant outsider. Mais c’est une position qui convient assez bien à Benjamin.
Le premier match des qualifs était décousu mais il a survécu en sauvant 5 balles de match. J'ai voulu ne pas le juger sur le niveau de ce match mais sur sa force de caractère.
Je pense que ça l’a rassuré de s'en sortir et il a fait un très bon 2e match. Puis il y a ce coup du sort où son adversaire du 3e tour, Marcora, se blesse.
Face à Ruusuvuori, on a vu Benjamin chercher plusieurs points au filet, notamment dans la dernière manche.
C’est le chantier qu'on essaye de mettre en place. Quand on a commencé à travailler ensemble, je trouvais qu'il jouait des filières qui ne me semblaient plus appropriées à ses qualités, ni au tennis qu’on pratique aujourd’hui.
J’essaye de le rendre plus offensif. Il peut très bien servir et avoir une bonne frappe de balle. C’est aussi un très bon joueur de double, qui volleye bien.
Le plus dur est de lui faire prendre conscience de ces changements à apporter. Avec le vent tourbillonnant, ce n’est pas évidement de faire de passings ou des lobs, donc il faut attaquer. Au 3e, il a été passif, il s’est arrêté de jouer. Puis ça a été de mieux en mieux.
Je suis content de lui sur le dernier jeu car c’était peut-être le moment le plus dur du match. J’appréhendais ce jeu, mais malgré la petite double-faute au départ, il a varié ses zones de service, il a forcé le mec à des passings compliqués... Il a largement mérité de remporter ce match.
Maintenant il faut bosser sur l’absence du 3e set, car à ce niveau-là, ça défile quand tu t'arrêtes de jouer. On ne peut pas jouer de "demi-tennis". Il faut être à fond tout le temps. On travaille ensemble sur cette intensité.
Le prochain match se jouera face à l'Italien Jannik Sinner, 19 ans et déjà 75e mondial. Comment allez-vous aborder la rencontre ?
On sera dans le même état d’esprit et on se positionnera comme outsider. Benjamin va jouer son tennis, il n’a rien à perdre. Automatiquement, plus on avance dans le tournoi, le niveau se durcit.
Il va falloir qu’on trouve des failles dans ce jeune Sinner que je trouve très bon depuis pas mal d’années. C’est un joueur qui est difficile à manœuvrer, il est très complet, il sert bien, il retourne bien.
Quand on voit sa victoire contre David Goffin, un des meilleurs joueurs du monde, ça prouve qu’il est talentueux et dans une période de confiance importante. Benjamin n’aura rien à perdre. Il faudra jouer un très bon tennis et trouver une tactique pour le perturber.
