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Paratennis

L'AS Ponts-de-Cé, pilier du paratennis français

Pour ce premier carré para de la saison 2024, focus sur l'AS Ponts-de-Cé. Ce grand club du Maine-et-Loire, situé à la lisière d'Angers, abrite en son sein une importante section de tennis-fauteuil.
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Des haltères, l'arraché ou encore l'épaulé-jeté... De bien curieuses notions pour parler d'une section de paratennis, n'est-ce pas ? C'est pourtant aussi grâce à elles que l'aventure "para" de l'AS Ponts-de-Cé a débuté. 

Dans les années 80, Gérard Houdmont, athlète médaillé en haltérophilie, plusieurs fois présents aux Jeux Paralympiques, est en effet le premier à s'activer pour créer une dynamique locale autour du tennis-fauteuil. "Il ne connaissait pas vraiment le tennis mais il avait envie de s'y mettre. Il a commencé dans un club pas loin d'ici puis le paratennis est arrivé très vite aux Ponts-de-Cé", raconte Thierry Lhuissier.

Si Gérard est resté un joueur du club, c'est désormais Thierry qui occupe le poste de responsable de la section au sein du club. Membre du comité départemental de tennis du Maine-et-Loire, référent pour la région Pays de la Loire, il pratique le tennis-fauteuil depuis 2006. 

"À la base, j'étais dans l'Oise et je faisais 300 kilomètres aller-retour pour jouer. Je suis maintenant dans la région Pays de la Loire et je vais au club quatre fois par semaine, dont deux fois avec les valides. Je participe d'ailleurs au championnat d'hiver avec les valides. C'est que du bonheur, notre club est très inclusif".

Inclusif et dynamique ! L'AS Ponts-de-Cé, situé à la périphérie d'Angers, compte cinq courts intérieurs (en quick) et quatre extérieurs (deux terre extérieure et deux quick). La section paratennis est notamment animée par Valérie Blanchet, une coach présente au club depuis plus de 30 ans (voir plus bas) ! "On est un club bien connu en France. Notre tournoi, qui a été quelques années un Future avant de revenir National, va connaître sa 24e édition cette année".

 

 

En 2008, pour accueillir les championnats de France individuels, le club s'est offert un sérieux lifting. Des travaux d'accessibilité ont été entrepris, dont l'installation d'une porte qui s'ouvre automatiquement et des vestiaires, des douches et des toilettes, qui deviennent tous adaptés pour les hommes et femmes en fauteuil. Désormais, l'ensemble du club est accessible aux personnes en situation de handicap.

Le recrutement, axe majeur

Et les statistiques en témoignent : la section tourne bien. Cette année, dix joueurs en fauteuil sont licenciés, un record.

"Sept joueurs et trois joueuses, précise Thierry Lhuissier. Ce sont surtout des joueurs loisirs mais nous les amenons doucement à la 'compèt'. Au dernier tournoi du club, nous avons organisé une poule de 4 spécialement pour nos licenciés. On ne voulait pas le mettre dans les tableaux, ils n'avaient pas le niveau. Mais ils se sont bien pris au jeu. Je ne pense pas qu'ils vont faire beaucoup de tournois hors du club, à part peut-être une joueuse, mais ils s'investissent beaucoup. On constate une amélioration dans le jeu, ils aiment bien faire des matchs entre eux. On ne voyait pas ça il y a encore deux ou trois ans".

L'objectif désormais ? Trouver de nouveaux joueurs et améliorer le niveau. Pas simple tant les contraintes sont nombreuses quand on parle de paratennis.

"On fait des animations pour faire découvrir le tennis, on essaye de faire venir des joueurs via un stand rééducation, on aimerait bien recruter des joueurs de plus haut niveau.... Mais c'est très compliqué. Quand on n'a jamais fait de tennis, réussir à faire du tennis-fauteuil est presque mission impossible. Il faut vraiment s'accrocher. Néanmoins, nous avons la chance de disposer de quelques fauteuils de plusieurs dimensions pour accueillir les nouveaux venus. C'est une chance que peu de clubs ont".

FFT
Lors d'une démonstration à l'Open P2i, un WTA 125 qui se déroule juste à côté du club.
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Trois question à Valérie Blanchet, professeur et responsable de l'école de tennis

Votre longévité à l'AS Ponts-de-Cé est remarquable. Comment êtes-vous arrivée au club ?

Après avoir passé mon Brevet d'État, j'ai cherché un club. Le président de l'époque m'a fait confiance. C'était en 1987 je crois ! L'AS Ponts-de-Cé partage les locaux avec le comité départemental, donc je partageais aussi mon temps entre le club et le comité.

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Pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans l'enseignement du tennis-fauteuil ?

Un des mes amis a eu un accident et j'ai voulu l'entraîner. Puis j'ai eu la chance de coacher Arlette Racineux. Je suis partie aux Jeux paralympiques en 2008 avec elle (elle y gagnera une médaille de bronze, ndlr) puis j'ai travaillé avec Pierre Fusade à l'époque, à la FFH. 

Le tennis-fauteuil a beaucoup évolué ces dernières années : il y a eu l'apparition des TMC, on aide désormais beaucoup les quads avec des stages et des rassemblements... Mais je pense qu'il faudrait faire plus de regroupement par régions pour que les joueurs puissent se confronter à d'autres.

Qu'est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

C'est un boulot humainement très riche. On apprend beaucoup de choses, notamment sur soi-même. Il y a beaucoup de partage. J'espère que les Jeux Paralympiques et l'attention médiatique autour de l'événement vont créer une nouvelle dynamique. Il faut noter aussi que notre région compte beaucoup de bons joueurs : Frédéric Cattaneo qui vient du Mans, Geoffrey Jasiak (Handi Tennis Vendée), Gaétan Menguy et Stéphane Houdet (Tennis Fauteuil Riez Océan).

(Emmanuel Bringuier)

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