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Rolex Paris Masters
Rolex Paris Masters 2023

"Le Rolex Paris Masters, c'est le tournoi le plus exigeant pour les arbitres"

Jean-Dominique Louis-Amédée fait partie du corps arbitral officiant au Rolex Paris Masters 2023. Le Martiniquais nous raconte comment il vit ce tournoi, prestigieux et exigeant.
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Avec leur tenue noire et émeraude, ils se fondent à merveille dans l'écrin de l'Accor Arena. Les juges de ligne sont les "gardiens" des lois du jeu sur les courts parisiens. Parmi la cinquantaine qui officie au Rolex Paris Masters cette année, Jean-Dominique Louis-Amédée est le seul venu d'outre-mer.

Le Martiniquais est licencié à Saint-Joseph, "un petit club de 70 licenciés, avec trois courts extérieurs". Il évoque pour fft.fr sa vie de juge de ligne, entre passion et exigence.

Quand avez-vous commencé le tennis ?

J'ai commencé vers 12 ans. A l'époque je faisais beaucoup de foot mais mes parents jouaient au tennis. Ils ont décidé de m'y mettre... Et ça m'a plu de suite.

Depuis, je joue au tennis tout le temps. Je suis actuellement classé 30, mais j'ai été 15/3 au mieux.

Comment êtes-vous devenu juge de ligne ?

J'avais déjà fait un peu d’arbitrage quand j'étais adolescent. Il y avait un petit tournoi local dans mon club, le Ducos TC. L'organisation voulait que tous les matchs soit arbitrés, du début à la fin. Et donc on montait sur la chaise.  Mais la partie "ligne", c’est quand je suis rentré en Martinique après être parti en métropole, en 2014.

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Qu'est-ce qui vous plaît dans ce milieu ?

De rester dans le monde du tennis ! On voit en direct les meilleurs joueurs dans les plus beaux tournois du monde. En plus, on apprend plein de choses : quand on est joueur, on ne connaît pas tout le règlement. Là, j'ai découvert plein de petits points particuliers.

Combien de Roland-Garros et de Rolex Paris Masters à votre actif ?

Alors, Roland... 2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022, 2023. Huit ! Et c'est mon 3e "Bercy".

Quelles sont les différences entre l'arbitrage à Roland-Garros et au Rolex Paris Masters ?

L’arbitrage est extrêmement différent. En fait, c'est comme pour les joueurs : il faut apprendre à arbitrer sur terre battue et sur dur. 

L'éclairage n'est pas le même, le rebond n'est pas le même, l'impact n'est pas le même. Sur terre, on se donne un peu plus de temps pour annoncer la balle car il y a la trace. Ici il y a une petite trace, mais il faut être plus rapide. En plus, ce sont les meilleurs joueurs sur une semaine. Dès les qualifications, tu n'as que des top players.

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A "Roland", c'est différent. Tu peux faire un match très difficile et le lendemain, on va te mettre sur un court annexe, plus calme, avec moins de pression. Alors qu'au Rolex Paris Masters, c'est forcément un match à pression, il n'y a pas de répit.

Physiquement, c'est un tournoi dur, relevé. Il faut apprendre à gérer son effort. C'est le tournoi le plus exigeant pour les arbitres. D'ailleurs, ici, on ne postule pas : c'est la FFT qui nous sélectionne selon nos résultats à Roland-Garros et sur les tournois sur dur.

Vous avez des rituels avant d'entrer sur le court ?

Pas de rituel. Je me mets dans ma bulle. Je fredonne des petites chansons pour pouvoir me détendre. Je mets tous le stress de côté pour pouvoir être focalisé sur la ligne et le match en question. Et je ne ressors de cette bulle que lorsque je quitte le terrain.

Vous êtes quel grade ?

Actuellement, je suis A2, et je vais tenter de passer mon A3. Après, il reste les badges : blanc, bronze, argent et or.

Vous pouvez être arbitre de chaise ?

Oui, car c'est un diplôme d'arbitrage, tout compris. Quand tu es arbitre de chaise, tu peux aussi être juge de ligne. Sur le tournoi, on a d'ailleurs des juges de ligne qui sont badge de bronze, très haut placés.

Mais je n'ai pas vraiment envie d'aller plus loin, car il faudrait faire des formations. Il faut être très disponible pour participer au nombre de tournois demandé. Moi j'ai un travail à côté, je suis dans l'informatique.

Vous avez des objectifs pour la suite ?

J'aimerais bien faire Monte-Carlo et pourquoi pas des tournois à l'étranger, Wimbledon ou l'US Open ? Ce n'est pas évident vu mon grade mais ce n'est pas impossible.

Le chemin est long : c'est la FFT qui envoie nos dossiers aux tournois étrangers et il y a peu d'offres. Par exemple, à Wimbledon, ils prennent d'abord les Anglais avant d'étudier les places accordées aux étrangers. Et il n'y en a pas beaucoup...

Si vous deviez donner quelques anecdotes...

(Il réfléchit) J'étais à Lyon pour la demi-finale d'Arthur Fils quand il pense avoir gagné le match contre Brandon Nakashima. Je vois tout en quelques secondes : la balle de Nakashima qui est bonne, mais quelqu'un dans le public qui crie faute, Fils qui s'écroule par terre, pensant avoir gagné le match. La balle était bonne, je le vois direct. Donc il a fallu qu'il se remette dedans.

Évidemment, je retiens ma première finale à Roland-Garros : Nadal - Wawrinka en 2017. La décima ! C'était ma 2e participation à "Roland", j'étais tremblotant pendant le match. C'était assez fou, il y avait du monde partout, l'histoire s'écrivait devant nous.
 

Quelques chiffres sur l'arbitrage au "RPM"

- 52 juges de ligne

- 5 arbitres de chaise ATP

- 3 arbitres de chaise additionnels

- 5 "reviews officials" pour le hawk eye

- 3 superviseurs

- 1 juge-arbitre

- 13 ligues représentées

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