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Circuit pro

Clément Chidekh : "Jouer sur le circuit universitaire m'a "forgé""

Vainqueur de son premier titre en Challenger la semaine passée, Clément Chidekh vit un début de saison prometteur. Le Français de 22 ans évoque ses derniers succès et comment son expérience américaine l'a construit.
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Clément, ce week-end, tu as remporté le premier titre de ta carrière en Challenger. Comment as-tu vécu ce succès ?

J'aime bien penser qu'il y a une part d'aléatoire dans le tennis. Ce Challenger de Glasgow, je ne l'ai pas préparé comme je le voulais. J'ai fait une erreur la semaine précédente : j'ai voulu m'inscrire dans les qualifs à Nottingham mais en fait je me suis inscrit dans le tableau final. Sauf qu'avec mon classement, je ne suis pas rentré, forcément.

Alors que le plan, c'était de jouer les qualifs à Nottingham et ensuite d'aller à Glasgow, je me suis retrouvé à jouer le 15000$ de Grenoble. J'ai pris ça comme une bonne opportunité d'enchaîner les matchs. Et je suis allé au bout ! Je n'avais pas beaucoup gagné depuis le début de la saison mais j'avais bien travaillé, je sentais que n'étais pas loin d'enchaîner les victoires. À Grenoble, j'ai pu enchaîner cinq matchs en simple et trois en double. 

Dans la continuité, j'ai réussi à enchaîner et à trouver un bon rythme à Glasgow. J'ai eu un match compliqué en quarts contre un gars que j'avais déjà joué à l'université. Le travail physique a vraiment payé. Enchaîner les matchs serrés avec des victoires aux 3e sets m'a fait du bien. J'ai accumulé de la confiance, ce qui fait la différence quand la situation est tendue.

En finale, mon adversaire a fait un premier set excellent, il était bien meilleur, mais j'ai réussi à rester dans le match. Je me suis accroché et j'ai réussi à le faire baisser physiquement au 3e. C'est le genre de scénario qui donne beaucoup de confiance et consolide mes croyances dans mon style de jeu.

 

 

Tu as évoqué le circuit universitaire. Est-ce que ton expérience américaine a modifié ton rapport au tennis et à l'entraînement ?

Honnêtement, c'est le gros tournant de ma carrière tennis. Quand j'ai commencé mes études à Toulouse, je n'avais pas mis toutes les chances de mon côté pour réussir au haut niveau. Le fait d'arriver dans une université américaine, dans un environnement plus cadré, de se battre pour quelque chose de plus grand que moi, l'université, avec une histoire, des joueurs qui sont passés par là, des rivalités avec les autres écoles... Tout ça m'a fait beaucoup de bien.

Je pense que je suis d'une nature généreuse : j'ai voulu rendre à l'école les opportunités qu'elle m'avait données et aider mes partenaires. Ça m'a donné une nouvelle motivation et cette motivation a ensuite donné une rigueur de travail, nécessaire pour aider mon équipe au maximum.

En partant à Seattle à 19 ans, je me suis professionnalisé, j'ai remis le tennis au centre de mon projet de vie. La façon de jouer sur le circuit universitaire m'a "forgé" : le point décisif à 40A, qui rend tous les points hyper importants et t'oblige à être concentré dès le début, le double qui compte beaucoup.

J'ai appris à gérer le stress et les facteurs extérieurs. Quand les joueurs de ton équipe sont en train de perdre dans les matchs qui se déroulent en même temps que le tien, il faut arriver à combattre les émotions négatives et faire abstraction. Jouer dans des environnements hostiles, ça prépare bien au tennis professionnel.

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188
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Son titre à Glasgow a permis à Clément de faire un bond de 188 places au classement ATP et de faire son retour dans le top 400 (375e).
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Quelle est ta structure actuelle d'entraînement ?

Je suis licencié au TC Marignanais, je m'entraîne à Marseille avec Lionel Zimbler et Martin Vaïsse. Et Ralph Boghossian, super important en tant que prépa physique. Je suis dans un groupe de trois joueurs avec Sascha Gueymard Wayenburg et Benjamin Bonzi.

II y a une bonne émulation et on s'entraîne toujours dans la bonne humeur, c'est important. Je suis aussi content de pouvoir m'entraîner proche de chez mes parents, de conserver le côté famille, qui fait beaucoup de bien quand on revient de longues semaines de tournois.

Je travaille aussi avec le head coach de mon université de Seattle, Matt Anger, qui a été 23e mondial. Après 27 ans de carrière, il a eu l'envie d'aider un joueur passé par l'université. Quand je suis passé pro, il m'a accompagné, et désormais il voyage avec moi sur les tournois. Il ne peut pas venir sur toutes les compétitions, car il habite à Seattle. Mais c'est une aide immense de l'avoir dans mon équipe, il a une super expérience. 

À t'entendre, tu fonctionnes beaucoup à l'affectif.

C'est complètement ça. J'ai toujours eu des relations fusionnelles avec mes entraîneurs. J'ai envie de partager. C'est ma personnalité et il faut la connaître pour réussir à m'aider sur le terrain. Parfois ça prend un peu de temps de faire confiance à un coach. J'aime partager les bons moments mais je n'hésite pas à dire quand les choses ne vont pas bien.

Rob Eyton-Jones
Clément Chidekh s'entraîne à Marseille avec Sascha Gueymard Wayenburg et Benjamin Bonzi.
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Quel est ton programme des prochaines semaines ?

Cette semaine, je joue au Challenger de Pau (il a passé le premier tour ce mardi face à l'Américain Kirchheimer, ndlr). Je retourne ensuite m'entraîner deux semaines à Marseille. Selon mes résultats à Pau, soit je jouerais le 15000$ de Poitiers, soit je reprendrais au 25000$ de Créteil ou au 50000$ de Hambourg, si je peux. Puis après, j'irai à Toulouse et Saint-Dizier.

Un programme très français donc ! Ça fait plaisir et c'est une chance en tant que Français d'avoir ce circuit de tournois d'un niveau très relevé qui facilite la programmation.

En parlant de tournoi français, est-ce que les qualifs de Roland-Garros trottent dans un coin de ta tête ?

Pas encore. Cette année, j'ai envie de faire d'abord beaucoup de dur indoor et de me focaliser sur le court terme. Mais surtout, l'objectif est de prendre soin de mon corps. Ma première saison pro, j'ai trop joué et peut-être que je pensais trop à "Roland". J'ai joué sur une hanche, je me suis blessé et j'ai été privé de tennis pendant plus de quatre mois. 

Je ne veux pas faire la même erreur. Je veux me concentrer sur mon bien-être mental, rendre chaque semaine agréable, et rester au top physiquement. Mais forcément quand viendra la terre battue et le temps de la programmation, les qualifs de Roland seront un super objectif. Si ça se passe bien jusque là...   

(Recueilli par E.B.)

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