Type
Circuit pro

Antoine Hoang : ''Pour moi, le tennis est unique''

Remarqué l'an passé à Roland-Garros, Antoine Hoang s'exprime dans le dernier numéro de Tennis Info. Cette interview a été recueillie juste avant le début du confinement.
Texte

Formé à Toulon au TC du Littoral (PACA), Antoine Hoang (24 ans) a suivi un parcours atypique qui l’a d’abord vu progresser en famille avec son père Francis, puis poursuivre en parallèle des études jusqu’en licence STAPS. Fidèle à sa région, Hoang a franchi les étapes petit à petit, sans passer par la fillière classique, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre l’an passé le troisième tour à Roland-Garros en 2019. Rencontre.

Entretien à retrouver dans son intégralité sur le Tennis Info interactif

Antoine, comment et où avez-vous commencé le tennis ?


J’ai débuté avec mon père et ma famille quand j’avais à peu près trois ans. Tout le monde jouait, chez moi – mon père était deuxième série. Moi, j’étais le dernier de la famille. Avec mon grand frère Baptiste, ma grande sœur Delphine et mon père, on se retrouvait souvent tous les quatre sur le terrain. J’ai beaucoup appris comme ça. Mon frère était plus âgé, ce qui fait qu’il frappait plus fort la balle. Forcément, ça m’a fait progresser. Jusqu’à mes 14 ans, c’est surtout mon père qui m’a entraîné, chez nous, près de Toulon. C’est au TC du Littoral que j’ai été formé. Vers 15 ans, l’entraîneur du club a pris le relais de mon père jusqu’à mes 22 ans.

Qui était votre premier coach ?

Le premier, ç’a vraiment été mon père, qui n’était pas du tout enseignant de tennis, mais dentiste ! Ensuite est venu mon entraîneur de club, Olivier Boudeau, et maintenant je travaille avec Lionel Zimbler. J’ai eu très peu de coachs. Cela correspond à mon caractère, j’aime bien les relations qui s’inscrivent dans la durée. J’aime avoir confiance en mes entraîneurs et que cette confiance soit réciproque.

À quel point votre père a-t-il compté dans votre progression ?

C’est vraiment lui qui m’a appris à tenir une raquette, à poser mes appuis, à faire les gestes. Il m’a également inculqué la rigueur dans le travail, car il est très perfectionniste. Il voulait toujours qu’on s’améliore ! Le caractère que j’ai actuellement, à toujours vouloir faire mieux, c’est à lui que je le dois en grande partie.

Quand avez-vous senti que vous pouviez envisager une carrière professionnelle ?

Déjà, tout petit, dans les catégories 10, 11, 12 ans, je faisais partie des meilleurs Français avec Calvin Hemery, Alexandre Favrot et Florian Lakat. On se retrouvait souvent sur les fins de tableaux. À partir de là déjà, je me suis dit que si j’étais dans les meilleurs de ma tranche d’âge en France, ça pouvait le faire. Et puis, j’étais vraiment passionné par le tennis. Même si je suivais les cours à l’école consciencieusement, tout simplement parce que je n’avais pas le choix dans ma famille, il était inconcevable pour moi d’arrêter le tennis. Même après le Bac, quand j’ai eu des opportunités pour entrer dans des écoles, je me suis dit que je n’imaginais pas ma vie sans tennis. Mes parents voulaient absolument que j’aie un niveau d’études post-Bac, et moi, je tenais vraiment à ce que ça reste autour du sport. C’est pour ça que j’ai choisi la filière STAPS à l’Université de Toulon. Quand j’ai eu ma licence, je devais être aux alentours de la 500e ou 600eplace au classement ATP. Pour moi, c’était vraiment le moment de ne faire que du tennis. C’est là que j’ai décidé de faire les choses plus à fond en rejoignant la Provence Tennis Académie à Aix-en-Provence. Cela fait trois ans que je m’entraîne là-bas avec Lionel Zimbler.

Le fait de ne pas quitter votre région était vraiment important pour vous ?

Quand j’étais jeune, on m’a proposé la filière classique, à savoir passer par les Pôles France, mais à l’époque, mes parents et moi avions refusé. Ils pensaient qu’il était important que je garde une structure familiale bien présente. Il y avait aussi le côté scolaire, les cours qu’ils voulaient que je suive assidûment, même si à partir d’un moment je l’ai surtout fait par correspondance. Sur ce point-là, je n’ai pas forcément tout décidé, mais c’était vraiment important pour eux. J’avais sauté une classe, ils trouvaient qu’on pouvait concilier tennis et école, et être excellent des deux côtés. Mais pour y arriver, ils estimaient important que je reste à la maison. On a mis en place une structure autour de moi et je ne suis donc jamais passé par les Pôles. J’ai grandi en restant de mon côté, en faisant les tournois nationaux, puis les Futures dès l’âge de 17 ans. C’est vrai que c’est un parcours atypique, car parmi les meilleurs Français aujourd’hui, je pense que tout le monde a été au moins à l’INSEP, au CNE ou dans les Pôles. Ils ont tous fait le circuit Juniors. Moi, je sors un peu du lot. Je suis né à Hyères et je n’ai quasiment jamais bougé !
 

FFT / JC
Antoine Hoang a vécu une belle avanture l'an passé à Roland-Garros.
Texte

Comment avez-vous vécu votre aventure à Roland-Garros l’année dernière ?

C’était exceptionnel, notamment l’engouement que mon parcours a suscité. Je sentais que je pouvais par moments battre de bons joueurs et je ne me suis pas mis de pression du tout. J’étais déjà super heureux d’avoir reçu l’invitation de la Fédération ! C’était mon premier Grand Chelem et je voyais ça vraiment avec des yeux d’enfant. J’ai toujours regardé Roland-Garros à la télé. Je me souviens avoir pensé que tous les efforts que j’avais faits avant valaient le coup, même si tout devait s’arrêter là. J’avais zéro pression, je voulais profiter du début à la fin, du premier au dernier point, donner le maximum et surtout ne rien regretter. Car pour moi, tout ça était une chance incroyable.

Quels sont vos objectifs à plus long terme ?

J’aimerais pouvoir participer de plus en plus aux plus gros tournois et viser plus haut, toujours plus haut. Je pense que j’ai encore une bonne dizaine d’années devant moi et je veux être capable de progresser jusqu’à la fin de ma carrière

Avez-vous déjà pensé à des idées de reconversion, à votre après-carrière ?

Non, pas vraiment. Je n’ai absolument pas de plan B pour l’instant. Pour moi, la meilleure façon de travailler est d’avoir un plan A et de s’y tenir coûte que coûte, de se donner à fond là-dedans. Les études, j’en ai fait un peu par obligation familiale, ou pour pouvoir rebondir en cas de pépin, plus qu’en pensant à l’après-tennis. Au final, ce n’était pas si pesant que ça pour moi, car j’arrivais à le gérer tant bien que mal, à concilier les deux. Mais pour l’instant, dans ma tête, je suis vraiment à 100 % tennis et je me focalise là-dessus.

Le fait d’avoir étudié vous a-t-il aidé pour votre vie de tennisman ?

Cela m’a sans doute aidé pour le côté organisation dans le travail. Mais plus que les études en elles-mêmes, je pense que c’est surtout l’éducation de mes parents qui m’a beaucoup apporté. Par exemple, le fait de m’avoir toujours dit : « Tu as des devoirs à faire et tant qu’ils ne seront pas terminés, on ne passe pas à autre chose ». Ça, ça m’a aidé. Cette rigueur-là dans le travail m’a appris qu’on ne peut pas toujours faire des choses qui font plaisir dans la vie. Il faut faire les choses comme elles doivent être faites, et c’est tout. On ne peut pas y échapper. C’était vraiment ça les règles à la maison, et ces règles que mes parents m’ont transmises, je les applique dans ma vie de joueur. Par exemple, je me pose des conditions : tant que je ne me suis pas bien entraîné, il n’y a pas de sorties ! C’est cette éducation et cette façon de fonctionner qui m’ont aidé, bien plus finalement que les connaissances que j’ai pu acquérir pendant mes études.

Votre passion pour le tennis revient souvent dans vos propos. Avez-vous un modèle parmi les joueurs ?

Pour moi, tous les champions sont des modèles. Et bien sûr, pour donner des noms, il y a les trois meilleurs actuellement qui le sont dans de nombreux domaines. C’est fou parce que quand j’étais jeune, c’était déjà ces trois-là ! Je me souviens des finales entre Federer et Nadal à Roland, trois ans de suite en 2006, 2007, 2008. J’avais 10-12 ans, je suivais ça à fond. J’aimais aussi beaucoup les joueurs français. Que ce soit à Roland-Garros ou en Coupe Davis, j’admirais les Jo, les Gaël. C’est vrai que j’ai toujours été passionné par le tennis. Quand je regardais les tournois, j’avais des frissons, je vivais le match comme ceux qui étaient sur le court. C’était vraiment la sensation que j’avais. Ce sont toutes ces émotions incroyables qu’on peut ressentir dans le tennis qui font que j’adore ça. Et pour moi, c’est vraiment à part. Je n’arrive pas à ressentir les mêmes émotions pour les autres sports, à l’exception parfois de quelques grands exploits. Pour moi, le tennis est vraiment unique.

Recueilli pour Tennis Info par Estelle Couderc

1