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Mieux pour performer lors des matchs par équipes

De la Coupe Davis aux Interclubs amateurs, les matchs par équipes sont un moment attendu mais aussi spécial pour un joueur de tennis. Voici quelques conseils pour mieux performer dans ces conditions.
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Ce nouvel épisode de nos conseils aux compétiteurs est consacré aux matchs par équipes, quelques jours après la belle qualification de l'équipe de France de Coupe Davis contre l'Equateur.

Philippe Reboul et son fils Fabien, respectivement capitaine et joueur du Stade Toulousain sacré champion de France de Pro A au titre de la saison 2022, nous expliquent comment performer dans ces épreuves collectives avec votre club, que vous soyez dans le rôle du joueur ou du capitaine (ou capitaine/joueur). 

1/ Construire une équipe cohérente et homogène

Tous les entraîneurs de sports collectifs pourraient le confirmer : une bonne équipe, ça n'est pas une addition de bonnes individualités, c'est une articulation de bons joueurs qui seront d'autant plus performants s'ils se sentent épanouis dans le groupe.

Trouver cette alchimie n'est pas si simple. Sacré champion de France de Pro A pour la première fois de son histoire, le Stade Toulousain y est parvenu au prix d'un minutieux travail de construction, que nous raconte son capitaine de (très) longue date, Philippe Reboul.

"Il y une douzaine d'années, on avait un groupe un peu vieillissant donc on a décidé de repartir en quelque sorte de zéro en s'appuyant sur un noyau de jeunes joueurs du club comme mon fils Fabien ou Sadio (Doumbia). Ils ont monté les échelons ensemble, s'entraînent ou jouent le double ensemble et s'entendent tous très bien. Cela donne un super groupe, dans lequel se sont greffés de très bons éléments comme Benjamin Bonzi, Hugo Nys ou Hugo Gaston."

Une cohésion collective que les Stadistes essaient de maintenir à tous les étages du club. "Dans toutes les catégories, nous essayons de faire des équipes avec des joueurs qui s'entendent bien et qui ont à peu près le même âge. Le but, spécialement pour les amateurs, est quand même de se régaler entre les matches."

Cédric Lecocq / FFT
Le groupe toulousain uni lors de la victoire en Pro A l'an passé.
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2/ Prendre du plaisir au sein du groupe

Sauf à être très au-dessus du lot, une équipe ne peut gagner sans… un bon esprit d'équipe. Les champions le répètent souvent : pour bien jouer, il faut avant tout être centré sur le moment présent. Et pour être centré sur le moment présent, il faut déjà être content d'y être.

"Pour ma part, c'est une certitude : mon niveau de jeu est plus élevé lors des matches par équipes que sur le circuit", confirme Fabien Reboul.

Les raisons sont multiples mais tournent autour d'une chose : le plaisir de jouer.

"Au tennis, on est souvent seul. Là, on a enfin l'occasion de passer du temps tous ensemble, même en dehors du court, avec des joueurs qui sont avant tout des potes. Ça fait vraiment plaisir. Ça te met dans un bain d'excitation, tu as envie de bien faire d'autant que tu te sens soutenu. C'est le fait de se sentir bien qui fait bien jouer. Les conditions aident aussi, notamment à domicile où on joue sur des terres battues intérieures que je connais par cœur. C'est un ensemble de paramètres qui subliment un peu mon jeu."

FFT / Antoine Couvercelle
Fabien Reboul se sublime sous le maillot du Stade Toulousain.
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3/ Trouver la bonne "compo"

Sur ce point, la problématique est différente entre les professionnels et les amateurs. Les premiers disposent généralement d'un groupe élargi de joueurs parmi lesquels le capitaine doit trancher, ce qui se fait d'autant plus facilement si la communication est fluide.

Chez les amateurs, il n'est pas rare d'avoir plusieurs joueurs au même échelon de classement. Il faut donc déterminer le choix de l'ordre au moment d'établir la feuille de match, à l'heure du café. Ce qui peut provoquer quelques maux de tête et solides palabres sur le zinc, au rythme de la fameuse question : "alors, je joue en combien ?"

Cette épineuse et (parfois) délicate question sous-entend là encore une bonne vie de groupe. "Le plus important, c'est de faire passer l'intérêt général avant l'intérêt personnel, prévient Philippe Reboul. C'est-à-dire avec quelle composition on a le plus de chances de gagner la rencontre. Mais après, bien sûr, tout dépend de son objectif. Chez les amateurs, l'objectif prioritaire va parfois au-delà du résultat, le but est avant tout que les joueurs se fassent plaisir." 
 
Au Stade Toulousain, on a instauré un rituel la veille des rencontres : se retrouver en équipe, discuter à bâtons rompus pour jauger l'état de forme des uns et des autres, et leur capacité à ramener un point à l'équipe en tenant compte aussi des conditions."

Une sorte de "team building" qui nécessite de l'honnêteté et du dévouement. Deux qualités essentielles pour briller en équipe.

FFT / Cédric Lecoq
Philippe Reboul a su trouver les bonnes "compos" pour aller conquérir le titre.
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4/ Travailler le double

Clairement, ça a été LE point fort du Stade Toulousain cette saison : dix doubles, neuf victoires. Et encore, la seule défaite enregistrée l'a été sur abandon, Sadio Doumbia, partenaire de Fabien Reboul, s'étant blessé à l'œil en plein match (contre le TC Paris). Pour le reste, les deux Toulousains, qui viennent d'intégrer le top 100 ATP en double, ont fait un sans-faute, tout comme le tandem Benjamin Bonzi/Hugo Nys, deux excellents dans la spécialité.

Chez les amateurs, on "rechigne" encore à travailler véritablement cette discipline en dehors des matches par équipes où elle est parfois improvisée. "Dommage, car le double rapporte gros, surtout en Pro A où c'est le tiers des points (NDLR : deux points sur six)", fait valoir Fabien Reboul.

Chez les amateurs, rares sont les joueurs qui se spécialisent dans la discipline. "Alors que je suis persuadé que deux joueurs classés disons 15/3, s'ils ont le jeu adapté et sont habitués à jouer ensemble, peuvent largement perfer contre des joueurs de 2ème série moins habitués au jeu de double. Ce n'est pas le même tennis, poursuit Fabien Reboul. Mais je pense que les amateurs prennent rarement le temps de le travailler."

FFT / Cédric Lecoq
Sadio Doumbia et Fabien Reboul forment une équipe de double très performante.
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5/ Adapter son discours à chacun de ses coéquipiers

Là, c'est le rôle du capitaine, en l'occurrence Philippe Reboul au Stade Toulousain ou son adjoint Stéphane Sansoni, même si les joueurs mettent aussi la main à la pâte pour aider leurs coéquipiers.

Quoi qu'il en soit, la grande différence entre un match individuel et un match en équipe est la présence de soutiens qui peuvent vous encourager ou vous donner des conseils en toute liberté. C'est une arme précieuse, bien sûr, mais qui peut s'avérer à double tranchant si on la manie mal.

"On essaie d'optimiser notre présence en fonction de la personnalité du joueur, explique ainsi Philippe Reboul. Certains aiment bien parler sur le court, d'autres aiment être réconfortés, d'autres encore ont besoin d'être boostés… Il faut arriver à s'adapter à la personnalité de chaque joueur et sentir à quel moment on peut l'aider, que ce soit par un conseil tactique ou un simple mot d'encouragement. Et pour le faire au mieux, il faut bien connaître la personne."

On en revient toujours au même point : la cohésion entre le joueur et l'équipe est essentielle.

FFT / Amélie Laurin
Coacher, encourager, c'est le boulot d'un bon capitaine !
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6/ Cultiver le sens du partage

Finissons avec la question des Inconnus : quelle est la différence entre un bon joueur et un "mauvais" joueur" d'équipe ?

Réponse de Fabien Reboul : "Pour moi, un bon joueur d'équipe, c'est déjà tout simplement une personne gentille, ouverte, avec laquelle on prend du plaisir à évoluer. Un joueur qui aime être dans le partage, qui emmène de la bonne humeur et de la confiance au groupe. C'est surtout un joueur passionné car une rencontre par équipes prend énormément d'énergie, ce sont des journées longues où il faut jouer son match et aussi être à fond avec les autres. Personnellement, j'adore ça."

Sur ce dernier point, ça devrait aller sans dire, mais ça va quand même mieux en l'écrivant : un bon joueur d'équipe – sauf motif exceptionnel – ne rentre pas chez lui une fois son match terminé.

"C'est moins naturel aujourd'hui qu'avant car les gens font beaucoup plus de choses, regrette Philippe Reboul. Mais même s'il ne joue pas le double, c'est important que le joueur reste après son simple toujours dans un souci de garder un bon esprit de groupe."  

La simple présence d'un coéquipier emmène en effet aux autres joueurs un soupçon de force supplémentaire qui peut véritablement faire la différence. "Personnellement, dès que je me sens moins agressif ou moins mobile, le fait de sentir les copains derrière m'aide énormément", conclut Fabien Reboul.

Parce que oui, l'avantage des matches par équipes, c'est qu'on peut aussi être bon tout en ayant soi-même raté son match : tout simplement en aidant les autres à réussir le leur.

(Rémi Bourrières)

FFT / Amélie Laurin
Benjamin Bonzi comme tous les joueurs du Stade Toulousain savent aussi se transformer en supporter de leurs coéquipiers.
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