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Circuit pro

L'interview du mercredi : Jules Marie

Joueur de tennis mais aussi créateur de vidéos ayant beaucoup de succès sur les réseaux sociaux, Jules Marie vient de remporter un tournoi à Montréal. Une belle récompense pour le Normand qui a entamé une seconde carrière depuis un an.
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À 31 ans, Jules Marie a déjà connu "plusieurs vies" tennistiques. Entre 2012 et 2014, le Caennais remporte 10 tournois sur le circuit Future et grimpe alors à la 228e place mondiale (en 2015). Il continue jusqu'en 2020 et décroche trois autres titres... avant de dire stop aux joutes internationales pour se consacrer aux tournois CNGT.

Mais en début d'année dernière, il tente un nouveau défi et revient sur le circuit professionnel. Entre temps, le Normand s'est également lancé sur les réseaux sociaux, et chaque semaine, il raconte à travers plusieurs vidéos sa vie de joueur. Le succès ne se dément pas : il compte aujourd'hui près de 85000 abonnés sur YouTube.

Entretien avec un joueur bien occupé, tout juste lauréat d'un "25000$" au Canada. 

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Jules, tu as remporté l'ITF de Montréal, plus d'un an après t'être relancé sur le circuit international. Comment as-tu vécu cette semaine ?

Je sortais d'un tournoi au Portugal sur "dur extér'" avec un tableau très dense. Je m'étais inscrit à Montréal au cas où, en me disant 'on ne sait jamais, si ça se trouve, le niveau sera plus faible'. Et effectivement, c'était beaucoup moins dense qu'au Portugal et je me retrouvais tête de série.

Donc j'ai sauté sur l'occasion, je savais qu'il y avait un coup à jouer. J'aime bien le "dur intér" et je sentais bien la balle.. Et quand on est une des quatre premières têtes de série, c'est vraiment plus facile d'aller loin dans un tournoi.

En plus, j'étais hébergé chez des gens très accueillants qui suivent ma chaîne YouTube, donc c'était super sympa, je me sentais bien.

Je suis forcément super content, car c'est mon premier titre depuis ma reprise en 2022. Ça arrive un peu tard à mon goût, mais j'ai su rester patient. Continuer à travailler et avoir l'envie... c'est le plus important.

 

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Prends-tu plus de plaisir dans cette "seconde carrière" ? Est-ce que tu joues différemment ?

J'ai évolué, c'est sûr. Je prends plus de recul sur le circuit et sur le sport en général. Je prends plus de plaisir, je savoure, car je sais que je n'ai plus 20 ans.

Dans mon jeu, je suis encore plus agressif. Surtout quand je joue contre des joueurs qui ont 5 ou 10 ans de moins que moi.

Le physique est l'un de mes points forts. Je peux battre au physique un jeune sur un match... Mais sur une semaine, un mois, une saison, c'est plus compliqué, ça tire au niveau des jambes. Donc être plus agressif est un gros challenge envers moi-même.

Quel est ton programme pour les prochaines semaines ?

Je viens tout juste de m'inscrire à Saint-Dizier, un "25000" en France. En avril, j'ai un gros choix à faire : soit trois 25000$ à Nottingham sur dur extérieur, soit aller à Jakarta. Le niveau sera peut-être plus faible alors que ce sont aussi des "25000", le coût de la vie est moins cher, il y a des points à prendre...

À voir en fonction des listes qui sortent. Depuis la reprise, c'était la première fois que je quittais l'Europe, à part pour aller en Tunisie. Le niveau est quand même moins relevé hors de l'Europe.

Quelle est ta structure d'entraînement ? Quels sont tes objectifs pour cette saison et à moyen terme ?

En septembre 2022, j'ai déménagé sur Cannes pour m'entraîner à l'académie Mouratoglou. Mais je suis toujours licencié au club de Sannois.

Le gros objectif que je me suis fixé il y a un an, c'est les qualifs de Roland-Garros 2023. Je vais être 382e lundi prochain... je me rapproche mais au niveau des points, je suis encore loin. Si je joue très bien les prochaines semaines, ça pourrait être possible. Je vais essayer, bien sûr. Il me manque 100 points, ça veut donc dire gagner quatre 25000$, ce qui est très difficile.

Mais si ce n'est pas Roland-Garros, je vais me battre pour les autres qualifs de Grand Chelem. Et si ce n'est pas cette année, je vais me battre pour y arriver l'année prochaine. Pour résumer, disons que le gros objectif, c'est d'être top 350 sûr avant l'été, pour ne jouer que des Challenger en deuxième partie de saison.

 

 

Tu as lancé une chaîne YouTube où tu partages de nombreuses vidéos sur ton quotidien de joueur de tennis. Tu arrives à gérer cette activité en plus des tournois ?

Faire ces vidéos me prend énormément de temps... Mais j'ai repris le tennis parce qu'il y avait cette chaîne et que je me sentais capable de faire encore des choses du côté sportif. Ça me fait plaisir de montrer à tout le monde ce qu'on vit au quotidien sur le circuit secondaire.

Est-ce que des joueurs viennent te voir en te disant qu'ils regardent ta chaîne ?

Énormément ! En finale à Montréal, il y avait environ 200 personnes et peut-être 150 qui suivent la chaîne. C'était juste incroyable...

Je suis suivi en France, forcément. Mais aussi à l'étranger, les gens viennent me voir pour me parler de la chaîne, des gens extérieurs au tennis mais aussi des joueurs. Je mets les sous- titres en anglais pour toucher encore plus d'audience.

Tu es sur le circuit depuis plusieurs saisons maintenant. Et avec ta chaîne Youtube, tu es devenu un observateur avisé du tennis. Est-ce que tu trouves que ce sport a changé ces dernières années ?

Il a beaucoup changé. Je trouve qu'il y a de plus en plus de joueurs qui jouent très bien. Les jeunes ont de moins en moins de points faibles, le niveau s'est homogénéisé.

En 2010, quand je jouais un type 900e mondial, je savais que j'allais gagner en deux sets assez facilement. Ce n'est plus du tout pareil maintenant, le niveau n'a rien à voir. Un gars qui est 800 aujourd'hui peut gagner un type qui est 200. Il y a plus de concurrence, les joueurs sont plus complets. Ils font beaucoup plus attention à tout ce qui est hygiène de vie, alimentation, sommeil...

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