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Padel

Capitaines de l'équipe de France : "Adapter la mission à la situation"

Nommés capitaines des équipes de France de padel à la veille du début du confinement en France, Robin Haziza et Alexis Salles ont dû s'adapter. Entretien croisé.
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Robin Haziza, nommé capitaine de l’équipe de France de padel féminine le 13 mars, et Alexis Salles reconduit dans ses fonctions à la tête de l’équipe de France de padel masculine à la même date ont, comme nous tous, vu leur programme perturbé par la situation sanitaire en France et dans le monde.

Mais, depuis leur lieu de confinement ils poursuivent au mieux leur mission.

Comment allez-vous et où êtes-vous ?

Robin Haziza : Je vais bien, tout va bien, personne n’est touché dans mes proches. Je suis confiné à Barcelone, pas loin d'Alix Collombon qui est ma voisine. On prend notre mal en patience, on pense à tous les gens pour lesquels la situation est complexe et difficile. 

Alexis Salles : Je vais bien aussi même si mon confinement est assez particulier car j’ai encore plus de travail que d’habitude. Je suis expert-comptable et c’est la période des bilans donc déjà la période la plus chargée de l’année habituellement et mes clients ont vraiment besoin de moi en ce moment pour les aider dans toutes leurs démarches.

Je ne me plains pas parce que j’ai la chance de pouvoir travailler mais ce n’est pas évident. Mais j’arrive quand même à faire du sport, j'en ai besoin pour évacuer le stress. 

Vous avez été officiellement nommés capitaines de l'équipe de France féminine le 13 mars, soit juste avant le confinement en France, Robin, que représente ce poste pour vous ? 

R.H.: Pour moi c’est un vrai bonheur et je suis fier d'être le capitaine de cette sélection féminine. J’ai toujours porté la veste Equipe de France en tant que joueur avec fierté, motivation et dévouement et, en fin de carrière en tant que joueur, je suis très content de pouvoir transmettre mon expérience aux filles et vivre des émotions avec elles sur le banc. C’était un vrai objectif dans ma carrière dans le padel et j’ai hâte de commencer réellement le travail à leurs côtés. 

Alexis, c’est une prolongation puisque vous étiez déjà capitaine de l’équipe masculine...

A.S. : Oui depuis deux ans officiellement même si j’occupais déjà ce poste un an avant. On échange beaucoup avec Robin. On était déjà proches car il faisait partie de l’équipe de France masculine et je pense qu’on l’est désormais beaucoup plus car on s’appelle vraiment très souvent.

Je suis ravi car même si on est très différents, on se retrouve sur pas mal de choses et cette complémentarité peut être intéressante dans l’exercice de nos fonctions.

 

Un capitaine d'expérience !
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Robin, vous auriez encore légitimement pu avoir votre place en tant que joueur de l’équipe de France masculine mais vous avez renoncé à cette possibilité en choisissant d’encadrer l’équipe de France féminine. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ? 

R.H : Je considère que je n’avais pas forcément une place garantie. Bien sûr je fais encore partie des meilleurs joueurs français mais la concurrence est rude et beaucoup de choses peuvent se passer dans une saison.

Je n’avais pas très bien vécu les deux dernières campagnes en tant que joueur. Ça ne s’est pas forcément ressenti sur le terrain car on a très bien joué et l’équipe a fait de bons résultats mais d’un point de vue personnel je crois que j’étais arrivé un peu au bout de mon expérience. 

Ça a été une décision compliquée mais j’ai voulu privilégier mon épanouissement personnel. Je ne serai plus sur le terrain en tant qu’acteur mais sur le banc avec les filles et je le ferai avec beaucoup de motivation et je soutiendrai évidemment nos coéquipiers masculins à fond. 

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette mission de capitaine de l’équipe de France ? 

A.S. : Au cours des trois premières années on s’est débrouillés un peu tout seuls. Ça n’a pas toujours été facile. Mais le rôle de capitaine est en train d’évoluer. On a désormais un contrat de 34 jours (au lieu de 20) dans le cadre de notre mission de sélectionneur.

Notre rôle est davantage reconnu et c’est nécessaire car je souhaitais être plus présent tout au long de l’année auprès des joueurs. Je voulais également arrêter mes fonctions dans le cadre du FFT Padel Tour pour que ça ne pollue pas ma fonction de sélectionneur.

L'arrivée de Thierry Pham au poste de responsable du haut niveau padel nous permet également d’étoffer notre rôle car on a des échanges très constructifs avec lui. 

R.H. : J’arrive avec une grosse énergie et plein d’envie. Ce qui m’a boosté c’est que les filles ont à l’unanimité cité mon nom pour m’avoir sur le banc avec elles. Le nouveau cadre installé à la FFT m’incite aussi à aider à faire bouger les lignes en amenant mon énergie pour aider au développement du padel en France.

Avec le soutien de la FFT on prend un peu plus la mesure de notre rôle parce qu’on nous en donne les moyens. Il y a vraiment une très très bonne énergie, en dehors de cette crise sanitaire qui nous a un peu stoppés en plein élan. 

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Cette année est effectivement un peu particulière. Vous deviez organiser un premier rassemblement Equipes de France début avril juste avant la première étape du FFT Padel Tour dans le nord de la France. Il a malheureusement dû être annulé comme tous les autres événements prévus en raison de la situation sanitaire mais vous êtes-vous déjà projetés vers la fin de saison ? 

R.H. : Oui j’insiste sur le mot "rassemblement" car c’était vraiment un regroupement au sens large avec beaucoup de joueuses et joueurs pour faire un point sur leurs qualités et leur potentiel.

L’objectif était aussi de dire à un groupe élargi de joueurs que, même s’ils n’avaient jamais été retenus en équipe de France, les portes n’étaient pas fermées. On espère pouvoir, en fonction de l’évolution de cette crise sanitaire, reporter ce rassemblement.
 

Deux duos ont également été nommés pour encadrer les équipes de France jeunes..

R.H. : Oui et je félicite d’ailleurs les gens qui ont décidé de mettre d’autres responsables auprès des jeunes. Je pense que c’était important. Ces capitaines-là on les connait très bien car ils sont issus du padel.

On va évidemment pouvoir échanger avec eux et à terme leurs joueurs seront sûrement amenés à intégrer les équipes de France seniors donc le fait que ce process soit mis en place est un excellent signal pour le développement du padel en France. 

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Quels sont vos objectifs à court et moyen terme malgré cette situation particulière ? 

A.S. : Les championnats du monde à Doha du 16 au 21 novembre restent notre objectif de l’année! En attendant de pouvoir revoir les joueurs on a tous les deux mis des choses en place pour rester en contact avec eux.

Moi j’ai un groupe WhatsApp qui me permet d’échanger avec eux et puis je les ai régulièrement au téléphone. Ils vont plutôt bien dans l’ensemble, ils s’entraînent physiquement, ils gardent le moral. 

 

R.H. : J'ai aussi créé un groupe WhatsApp, on y est très actifs car j’avais besoin de les connaître un peu plus. Quasiment tous les jours je demande à une des joueuses de créer une session d’entraînement physique.

Je leur demande aussi régulièrement de me donner des titres de chansons pour composer une playlist Equipe de France qu’on pourra utiliser lors de nos regroupements et j’ai envoyé à chaque joueuse des fiches personnelles avec des questions pour les connaître un peu plus, savoir ce qu’elles attendent d’un capitaine sur le banc… 

 

Et quels sont vos objectifs lors de ces championnats du monde à Doha? 

R.H. : Il faudra être capable de monter un groupe solidaire et performant pour défendre les couleurs de la France à Doha avec pour les filles l’objectif d’accrocher un podium derrière les deux nations "intouchables" que sont l’Espagne et l’Argentine.

On a une très belle équipe de France avec des filles qui jouent très bien et qui sont vraiment complémentaires alors je pense qu’on en a les capacités.

A.S. : Chez les garçons, si on arrive à conserver notre quatrième place conquise au Paraguay, ça serait déjà une énorme performance car chez nous en plus de l’Espagne et de l’Argentine, le Brésil est aussi très très fort. Mais on a aussi un super groupe, en pleine progression donc on a une belle carte à jouer. 

 

Hommes et femmes réunis pour fêter le titre européen de l'équipe de France féminine en Italie l'an dernier.
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Avez-vous déjà anticipé la préparation de ces championnats du monde ? 

R.H. : On avait déjà prévu d’organiser deux rendez-vous équipes de France. Le rassemblement qui était prévu début avril puis un stage équipe de France. On essaiera d’organiser ça une fois la sélection arrêtée avant de partir à Doha pour essayer de vivre ensemble un maximum de temps pour créer l’alchimie nécessaire aux performances d’équipe. 

A.S. : Les joueurs vont avoir besoin d’objectifs, surtout s’il faut préparer les championnats du monde. Si le World Padel Tour ne se joue pas (pas de décision pour l’instant), il faudra essayer de pallier au manque de compétitions dans la limite de ce que l’évolution des conditions sanitaires permettra. 

 

Propos recueillis par Amandine Reymond

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