13-14 ans : Boullay, une fortune de revers

"C'est une grande admiratrice de Roger Federer. C''est peut-être pour ça qu'elle joue comme ça, elle a débuté en appliquant un certain mimétisme..." Nicolas Job, l'entraîneur d'Ophélie Boullay (classée 0), sait qu'il a pour élève à la ligue de PACA depuis deux ans une joueuse atypique.

Née le 25 mars 2008, et donc "première année", cette jeune fille membre du Team Jeunes Talents possède un jeu hors norme pour son âge : service volée, revers à une main façon Amélie Mauresmo (ou Diane Parry c'est selon), amortie, elle possède un arsenal technique et tactique déjà très développé, sans pour autant être "en avance" sur le plan physique.

Ces prises de risques permanentes ne l'ont pas empêché de remporter le titre de championne de France à Rouen. En finale face à Milena Ciocan (1/6, ligue Ile de France), à qui elle rendait de nombreux centimètres et un peu de puissance, la joueuse du Nice LTC n'a peut-être pas produit sa meilleure prestation face à une adversaire diminuée par une douleur à l'adducteur. Mais sa lucidité tactique et sa rage de vaincre ont suffi pour s'imposer 6/2, 6/4.

"Je suis fière et heureuse, d'autant que gagner sur terre battue n'est pas facile pour moi, ce n'est pas ma meilleure surface, appréciait Ophélie. En finale, j'étais très stressée, elle aussi je crois. J'ai mieux géré finalement, j'ai fait le "TAF" on va dire. Je suis contente d'avoir fait des bons matchs et de progresser dans le bon sens."

Du talent et du caractère

"C'est son premier titre significatif, constatait Nicolas Job. Elle était un peu tendue pour cette finale, c'était difficile nerveusement. Elle a fait une très belle semaine. Quand on est un petit gabarit comme elle, il faut une grande vitesse de jambes pour développer ce jeu, pour pouvoir prendre la balle tôt. Elle s'en sort plutôt pas mal du haut de son 1,60m !"

Le coach apprécie aussi l'attitude de sa joueuse. "Elle a un bon "caractère" (sourire). C'est nécessaire quand on veut pratiquer un jeu comme ça. Elle a une exigence très haute qui fait que de temps en temps elle se frustre. C'est ce sur quoi elle travaille depuis quelques mois et ça a payé aujourd'hui."

Ophélie a débuté le tennis très jeune, "dès la maternelle", en suivant son père, au Set Club Omnisports. Elle y a pris goût très vite. "Quand mon père voulait partir du club, je voulais rester, ça l'énervait parce que je suis la troisième de la famille et il y avait d'autres enfants à gérer", s'amuse Ophélie à l'évocation de ces souvenirs."

Passionnée par son sport mais aussi par la cuisine, Ophélie parvient à canaliser son énergie débordante grâce au travail avec deux psychologues. "Cela m'aide à gérer mon énervement qui vient facilement", reconnaît la jeune fille.

On sait que son modèle Federer avait lui aussi ce petit péché au début de sa carrière. On ne peut souhaiter qu'à Ophélie de continuer à suivre les traces du champion suisse...